Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 09:43

Sans titre Gouache sur papier marouflé sur isorel

 

 

 

 

 

 

 

La nature et la vieillesse 

Peinture sur papier Juillet 1972

 

 

 

Un monde magique gouache sur papier 

 

 

 

 

 

Parent d’un inconnu peinture sur papier

 

 

 

 

”Je n’écris pas parce que je sais mais parce que j’aime”

“Bien qu’il soit assis à Sidi Mnari contemplant ainsi toute la ville de Tanger, le regard de l’Etranger restera à jamais inachevé, je suis cet Etranger!”

 

 

- Mly Ahmed Drissi a ses habitudes au café La Dolce Vita à Rabat si tu veux le voir.

- Comment le reconnaître? A-t-il un signe particulier, distinctif?

- Tu demandes au garçon de café et efface moi cet air hautain, ce chapeau style européen qui fait appelle à une mémoire qui n’est pas la tienne. Tu n’as pas de calotte? (rire)

- Je ne connais qu’un seul habit propre au marocain, en particulier ceux du nord comme moi, c’est la balgha! Djellaba ou Jabador et tête rasée. En portes-tu! Non. Alors soit gentil envers ma paille de palmier!

- Bon, Mly Ahmed n’aime pas les arrivistes, ceux qui se proclament marocain alors qu’ils sont, sans le vouloir bien sûr, le réceptacle du néocolonialisme et de sa continuité, ils n’ont pas encore compris que progrès et civilisation n’est pas occidentalisation.

- Mais je vais parler peinture pas de ma mise enfin!

- Écoute, toi tu n’es pas de son monde et lui il n’est pas du tiens alors fais ce que je te dis!

- J’ai apporté une forme de monographie de sa peinture naïve.

- Malheureux! tu viens de commettre l’impair le plus impardonnable qui soit!!

- Mais enfin quoi encore ?!

- Ne prononce jamais devant lui ce terme de naïf, c’est une forme de mépris et de dénigrement commis à son égard! bon dieu d' bon dieu, je pense que tu n’es pas encore prêt à le rencontrer, tu as vraiment besoin d’un long débriefing, Mly Ahmed a un tempérament coléreux il le sait, c’est une main énervée nonobstant sa peinture est appréciée.

- Il n’y a pas de mal à qualifier une forme d’art en Art naïf, c’est une simple appellation pour établir une certaine distinction entre les divers styles picturaux, c’est tout! tiens! Frida Kahlo me vient tout à coup à l’esprit, elle aussi est un peintre naïf, le savais-tu?

- Le problème ne réside pas là, ce n’est pas une question de classification mais de cantonnement forcé de l’art marocain dans le cadre d’une peinture spontanée. Et pour ton information, Frida Kahlo est répertoriée dans l’Encyclopédie Mondiale de l’Art Naïf, ce n’est pas le cas pour Mly Ahmed, pas plus du reste que les autres artistes marocains pour la simple raison que le Maroc n’y figure pas du tout! Vas-y savoir pourquoi!!

- Oui, je comprends, mais tout art, disons, prend naissance dans la forme et la couleur, c’est universel, l’évolution artistique vient progressivement.

- Sais-tu que Mly Ahmed est né en 1924 sous le règne du Sultan Mly Youssef Ben Hassan qui a exercé sa fonction dans la tourmente du protectorat français et espagnol? Un peuple dominé aurait-il la prétention d’élever son art à celui de l’agresseur! A peine avait-il fait de considérer son art sous un angle interprétatif et symbolique que voilà déjà les préjugés coloniaux qui viennent barbouiller son travail pour le limiter stricto sensus à une œuvre purement descriptive et inventoriée. Toute sensibilité artistique qui sortait du canevas étroit mis en place par les coloniaux était tout simplement objet de moquerie et de rabaissement. Je te rappel pour mémoire le texte d’Albert Memmi dans son livre “Portrait du colonisé”:”...On a déclaré au colonisé que sa musique c’est du miaulement de chat, sa peinture du sirop de sucre, il répète que sa musique est vulgaire et sa peinture écoeurante”. Comprends-tu maintenant?

- Alors de quel mouvement se réclame t il?

- Celui de l’égarement.

- Comment ça, peux-tu m'expliquer?

- Décidément je vois que ta caboche est pleine de vérités établies par les autres! Mly Ahmed préfère plutôt s’égarer dans son art que d’emprunter l’ordre et la raison d’autrui. Il a dit par ses propres mots “à quoi bon de peindre ce que tout le monde peut voir? Je veux peindre ce que je suis seul à voir pour le faire partager aux autres”.Écoutes, l’art est un ressenti, une émotion, on peint avec ce qu’on a dans le ventre ou le cœur, bref les entrailles mon garçons, tu dois en avoir parce qu’il me semble que ce n’est pas assez costaud là-dedans! Mais dis donc toi! Pourquoi veux-tu le rencontrer?

- A vrai dire je regardai les tableaux de Mly Ahmed avec une certaine indifférence, mais quand j’ai lu l’hommage que lui a rendu Hocine El Kasri dans Pro-culture n°11, un regard cette fois consensuel s’est éveillé en moi. Je dois dire que c’est un peintre révolutionnaire à son époque car il a su porter sur la toile ce qu’il ressentait au fin fond de lui-même. Je vois clairement maintenant pourquoi il a été considéré comme un peintre marginal et maudit, et cela pour la simple raison que lui, contrairement aux autres, il a su afficher son ressenti sur le tableau, passant ainsi du descriptif à l’interprétatif, à donner un sens à l’oeuvre, ce qui à son temps était inacceptable dans la conception occidentale.

- Bien dit. Ses tableaux en effet racontent, produisent une vérité, une forme de pérégrination au sein de sa mémoire, une composition de couleur dont le seul but est de témoigner d’un certain vécu qui était le sien, d’en prolonger en quelque sorte la naration. Sa mère le mettait souvent à l’abri des regards indiscrets de peur que son activité ne vienne profiter à quelques mauvaises langues. Elle tolérait aussi, sans aucun doute, que son fils prenne un peu de sa teinture qu’elle préparait pour colorer les fils de laine nécessaires à ses tapis.

- Les études actuelles portent-elles un autre regard sur cet artiste?

- A vrai dire je ne suis pas plus avancé que toi, mais je vais risquer quand même une explication. A l’introduction de la revue souffle n°7&8, Abdellatif Laâbi a écrit ceci au paragraphe sur “L’Idéologie coloniale et l’Art marocain” :....les études qu’on considère aujourd’hui comme magistrales et comme matière de base ont été surtout descriptives rarement interprétatives ou exhaustives…(...)...Dans les rares synthèses réalisées, seuls les aspects historiques et sociaux sont relativement étudiés en détail, les aspects symboliques , plastiques ou visuels furent très peu explicités” Il ajoute ensuite que c’est pour cela que la bibliographie de l’art marocain se compose surtout de catalogues et de recueils inventoriels. Par ailleurs, dans la même revue, Belkahia, Chebaa et Melehi n’y sont pas allés d’une main morte dans leurs débats au sujet de l’art naïf. Consulte ces textes, ils sont disponibles à la Bibliothèque Numérique Nationale(*). Je dois toutefois préciser un point important. Dans la forme le style de Mly Ahmed paraît comme étant naïf, je te l’accorde mais dans le fond il ne l’est pas du tout, alors vraiment pas du tout. Pour te conforter dans ce que j’avance et cela est ma propre conviction, l’inspiration de Mly Ahmed n’est pas de source populaire, elle vient du fonds de son vécu. Dans ses tableaux les questions sont nombreuses et balaient des thèmes aussi vaste que la spiritualité, le religieux, la tolérance, l’autorité, le mystère, l’identité et l’homme face au monde.

- Je me demande de quelle blessure il est le récipiendaire qui l’a poussé ainsi à réaliser un art thérapie. Il n'y a pas suffisamment d’écrits sur l’art à ce sujet, mais cela reste quand même un patrimoine national qu’il est nécessaire de revivifier et cela incombe à tout un chacun aussi bien public que privé!!

- Khalil M’rabet, dans son livre “Peinture & Identité”(*), à la page 51 a rendu un témoignage émouvant à Mly Ahmed Drissi.

- Crois-tu que Mly Ahmed pourrais me dire par exemple pourquoi ses équidés sont souvent étirés, sous les djellabas y a t il eu toujours des hommes ou quelquefois des djinn?

- Bon, trêve de plaisanterie, vas-y avant qu’il parte et fais moi un retour. Au revoir. ……..Salaud!

 

 

(*) cet astérisque signale les anachronismes introduits dans le texte.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2021 1 20 /12 /décembre /2021 10:41
Partager cet article
Repost0
4 décembre 2021 6 04 /12 /décembre /2021 08:53

 

Hakim Ghailan - L’arbre de vie - 2005

 

Écoutez, je suis fatigué, las de chercher, je veux avoir l’esprit de mon âge. Pourquoi agiter ce qui naturellement doit tôt ou tard décanter, mon tamis d'orpailleur a vieilli, bientôt la pesanteur aura raison de ma verticalité, de mes muscles zygomatiques. Je désire ardemment marcher vers l’estuaire là où se jetteront dans un temps proche et inéluctable tous les cours d’eaux qui ont jadis creusés le lit de ma rivière, écouter chanter l’onde azurée, toucher le limon du temps, de la durée, de l’ardeur, de la fraîcheur, du jour et de la lumière, de l’évanoui, du disparu, du corps et de l’éreinté, des ténèbres quand je regardais par ma fenêtre les étoiles et la constellation d'Orion, alors pourquoi devrais-je avoir peur de la nuit.

 

Je marche, vois un monticule de terre argileuse, m'assois dessus, regarde tout autour et aperçois une pépite d’or, le faît orienté vers le sud  pointant mes origines africaines, mon peuple, ma demeure à jamais. Cette trouvaille était en fait une satisfaction, car sur cette petite masse aurifère il était écrit “”Qui n’a pas l’esprit de son âge, de son âge à tout le malheur.””C’est encore un écrivain du 18ème qui nous dit la vérité. Finalement seuls les disparus disent vrai, les vivants quant à eux, en dehors du faux-semblant, sont plein d’ennui.

 

Au fil de mon errance, je rencontre un semblable qui marche dans le sens opposé, me regarde intensément avec des yeux mouillés, m’adresse ces mots d’une voix triste et voilée : “”tu vas vers l’estuaire mon ami? Tu as vraiment de la chance! Regarde, moi à force de vouloir tout démontrer, analyser, prouver, à fréquenter les rationnels et les têtes bien pensantes j’ai fini par m’en éloigner. Accepte ce conseil, ne fréquente plus les gens cohérents, rationnels, c’est mauvais pour ton cœur et ta santé.

 

Car la cohérence est une maladie comme disait Fernando Pessoa, je suis rentré chez moi émoustillé par les paroles de l’inconnu  et organisé un banquet, un festin pour les fous, les discordants et les confus!!.

 

Le lendemain, après une orgie parolière dadaïste, animé par un comité soixante-huitard remettant en cause toutes les conventions d’un esprit sain, je me suis éveillé à l’idée que c’est le vestibule de la folie qui mène à la raison, celui du déséquilibre à l’équilibre. Ne dit-on pas que l’erreur est corrélative à la vérité?. Il y a du divin en l’homme mais ce divin il ne peut aller à sa rencontre que par des chemins parfois alambiqués, des approches ou des idées opposées. N’est-ce pas qu’on ne peut accéder au chemin du souvenir que par les lacets de l’oubli? 

 

C’est l’expression de cette idée que je pense avoir pressenti dans l'œuvre de Hakim Ghailan, elle m’a accroché au premier regard. Mon critère pour qu’un objet, un paysage, une œuvre et même une conversation puisse venir et soutenir mon attention est d’avoir en germe à la fois du vrai et du faux, du beau et du laid, de l’effort et de l’abandon. Je me rappelle d’une scène d’un film qui avait retenue mon attention. Le film est Blade Runner 2049. Le personnage désirait savoir s’il était un être humain ou une machine, il avait des doutes. Il s’est approché du préposé à cette opération et lui a demandé: “” Comment pouvez-vous connaître la différence?”” Le technicien lui répondit clairement: “” un être humain a des pensées et une locution souvent désordonnée ce qui n’est pas le cas pour les machines””

 

Le cinquième triangle est en déséquilibre par rapport aux autres. Une discordance qui a donné de l’agrément à cette gravure, belle à mes yeux. Il est possible aussi de voir dans cette œuvre la volonté d’aller de l’avant à condition de dépasser l’entorse du cinquième élément qui est un nombre canonique dans nos pratiques cultuelles. Là je vois le talent d’un artiste qui cherche à développer en nous une pensée bien qu’elle soit éventuellement en désaccord avec la sienne.

 

Parce que l’être humain est une manifestation, une fable, un miracle certainement, tout ce qui nous arrive de fâcheux ou de désagréable nous apportera tôt ou tard son lot de joie et c’est l’essentiel. Je me souviens un jour que j'étais au café de la place des nations à Tanger, je lisais avec fascination Sexus le tome I de la trilogie de la Crucifixion en rose de Henry Miller, un écrivain majeur du 20ème siècle. J’étais transporté par cette lecture, mes yeux mangeaient, mâchaient les mots, étaient barbouillés du style lumineux, envoûtant de l’auteur, propulsé à mille lieues de la place où j’étais, je me sentais en orbite autour de la terre ayant pour foyer le livre quand soudain un homme vieux assis à une table derrière moi se mit à ronfler!! Ah! Quelle horreur, ah mon dieu quelle abjection d’être jeter ainsi dans le poids massif et sordide du réel, arraché à mon extase, ah! le salaud, AAAAAh! le salaud!! il m’a enfilé une de ces grosses paire d'haltère aux chevilles, cette souffrance délirante d’être élevé au ciel puis de retomber sur terre à cause d’un ronfleur, de ressentir de surcroît la densité lente et atroce de l’existence!! Mon sang ne fit qu’un tour et ma colère éclata, le garçon arriva, s’excusa d’avoir mis trop de verveine dans le thé du vieux, tout se mêla alors dans ma tête, je maudissais la généalogie métaphysique de l’homme, l’inflorescence androgyne qui l’a mis au monde, sa mère, son père en prenaient autant, les gens me donnait des tapes sur mon épaule pour me calmer, les injures les plus sordides fusèrent de part et d’autre et enflammèrent le café, les gens me traitaient d’ irrespectueux, car je lisais le texte des infidèles alors que le ronfleur était un homme pieux en djellaba!!! (je n’ai rien dit) - Maintenant j’en souris.

 

Tous ces mots pour me convaincre que l’être humain est un phénomène, une singularité, une épiphanie, une apparition. La vie est cela je pense et je ne peux que la montrer, laisser voir, mais jamais m’aventurer à la démontrer.

 

Je ne peux pas dire que le cerveau sécrète la pensée comme le foie la bile car le cerveau est l’instrument de la pensée, nullement le contraire.

 

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2021 1 29 /11 /novembre /2021 16:06

 

Vers Errachidia Maroc

Arrêt en route vers Tafraout Maroc

En route vers Tinghir

Souk Khemis des Ida ou Gnidif à 80 km de Tafraout Maroc

Partager cet article
Repost0
29 novembre 2021 1 29 /11 /novembre /2021 13:50

 

Voyage vers Tadighoust au-delà des montagnes du Haut-Atlas. Un village en pisé resté millénaire,  fixé dans le temps par une fibule berbère malgré la résurrection des Hommes, construit par la promesse des vents et le vœu des êtres trépassés.

 

La tristesse assombrit le visage de Mikaël. Vraisemblablement Ismael n’était pas encore au courant des raisons qui ont déterminé leur père Adam à partir habiter loin de Tanger à l’oasis de Tighmert dans la province de la ville de Guelmim. Mikaël savait quant à lui que le projet de son père d’aller s’installer dans une autre contrée ailleurs que sa ville natale n’avait pour seul but que de préserver leur maman  des regards des gens et de leurs potinages venimeux quand ils seront au courant de ce qu’il est advenu de leurs fils, c’était juste une question de temps avant que les langues ne se dénouent et qu’ils deviennent ainsi la cible des pires vilenies. Alors sous prétexte de calmer l’irritabilité de son épouse dû à sa ménopause et aussi à leurs amour égal qu’ils éprouvaient pour le Sahara,  il a décidé de partir pour quelque temps chez leur ami Jamil, le conservateur de musée des nomades à cette oasis  puis ils se sont établis dans une demeure ombragée par une dense palmeraie à l’orée d’un lit de rivière. C’est de leur retour de Cap Juby en direction de la ville de Guelmim qu’ils ont eu l’occasion de faire la connaissance fortuite de Jamil.

Très tôt le matin, au deuxième jour de leurs arrivés, Mikael, dix ans d’âge à peine, avait réveillé sa mère, il souffrait d’une surinfection de piqûres multiples sur les chevilles et les jambes, les démangeaisons étaient si fortes que des tâches de sang maculaient ses draps, mais lorsque une légère fièvre et une pâleur apparu sur le visage de l’enfant, la famille s’alarma et prit la route en direction de la ville la plus proche de Tarfaya, Guelmim pour trouver un médecin.

Les trois cents quarante kilomètres qui les séparaient de leurs destinations étaient tracés dans une géographie étrange, un pays montueux de mystère, le monde autour d’eux était sans conteste différent de celui du nord, gravé dans des plaines arides aux couleurs de corail, la route filigranée dans un sol aux éclats aurifères, la croûte de la terre plissait et déplissait au gré de montagnes majestueuses presque sacrées, au gré d’un désert extrême, dévorant, ponctué de tamaris aux feuilles ramollis par  la chaleur. Au versant des djebels et dans les creux des vallées où se dessinait des lacets de chemins, saillait de la terre de petits amas de villages que l’on prenait de loin pour des pierres taillées dans le roc.  Là-bas on imaginait bien des hommes la peau fripée et revêche, battre la terre en pisé pour ressusciter leurs demeure vaincues par les vents chauds du Sahara, chevauchant les dunes flottantes pour aller paître leurs troupeaux de chameaux et de chèvres.

Rien n’est plus propre et essuyé de toutes laideur que le désert, chaque poignée de sable coule en fine poussière d’éclats de roche dans les veines des hommes qui, même rabougris par l’hostilité de l’environnement, resteront  millénaires, rupestres, éternels, plantés comme des acacias dans leurs terres acceptant ce qui leurs arrivent entre un sourire et un malheur.

Adam, tout le long de son voyage, avait les tripes noués par une telle splendeur, la beauté écrue des paysages triomphait sur chaque sentier de la démesure de la solitude. All we are is dust in the wind...chantait Kansas.

L’homme aspire au changement certes, mais le souhaiterai-t-il vraiment, le voudrait-il lorsqu’il comprendra tardivement peut-être que la nature l’appelle à n’être que lui même et rien d’autre et ce qu’il créera ne sera au fil des siècles qu’un monticule de sable au mieux une pâture pour les vents. Lui qui vient de l’Univers est-il si différent de ce galet qui vient de la montagne pour ne pas narguer la corde raide sur laquelle il croit marcher et faire volte face à ses craintes, ses espoirs puis se mettre à  courir et à danser, lâcher tous ses effort à vouloir augurer les bons et les mauvais signes de la vie essayant de savoir  à quel moment, la tête empesée par le poids du joug, le corps par le fouet des émotions, il va tomber pour se relever , à quel moment, noir d’inquiétude, va-t-il devoir composer,  avec la raison, le religieux, le profane, la rue, les gens et la nation, happé, froissé par les événements comme une poignée de feuille morte prise dans les courants, puis brouter par le quotidien et jetée dans la chyme de l’ogre.

Oh! Cet ogre qu’il est beau! Si délicat dans le mensonge, si léger et habile dans les convenances, collé à la rumeur comme l’ombre à son corps, il est le peintre dans le frais des inimitiés camouflées, des jalousies inavouées. Oh! n’ayez aucune crainte, nous sommes tous de près ou de loin de sa race, il ne décantera jamais assez et suffisamment pour vous faire extorquer la vérité au bon citoyen que vous êtes. Allez! Vous êtes si loin, bien abyssaux, des gentilhommes distinguées reclus sous les strates géologiques assexuées du bienséant pour que deux ou trois pelletées suffisent à vous faire revenir de votre sombre secret!.....Soupçons…..Moi vous dévoiler! Comment à mes êtres haïs les plus aimés de mon cœur pourrais-je briser leur promesse à l’ego, pénitent pécheur qu’ils sont, de rester dans l’oubli et de garder secret le chemin du souvenir. Non je ne permettrais à personne de vous rappeler à l’unité séparés que vous êtes. Mais bien sûr que vous êtes des gens compatissant quand il s’agit d’acheter des fleurs pour partager la peine de la femme convoitée,   du voisin qui vient de trépasser. Mais il faut être sûr qu’il a bien les pieds devant! Pas avant. D’abord les asticots, ensuite les fleurs. L'appétit de la mort calmée, ses yeux qui nous lorgnaient distraient pour un temps par la chair d’autrui, nous donnent un répit momentanée un nouvel élan grâce à l’arrêt de l’autre.

J’ai perdu l’appétit, je viens de m’apercevoir qu’il y a un cheveux dans ma soupe! Beuh!

 

 

Partager cet article
Repost0
18 novembre 2021 4 18 /11 /novembre /2021 09:26

Hassan Glaoui

Je suis de mauvaise humeur ce matin, j’ai envie de donner corps à des phrases assassines, du genre par exemple pour apprécier une œuvre il faut absolument être injuste, déloyal, affamé de nuances et habile!

 

Est-ce que je suis souffrant? Non, non rassurez-vous, ce sont des mots qui m’ont été murmurés par contumace, venant d’un ami d’outre-tombe suite à son refus de troquer le 19ème pour le 21ème arguant que les profanes de ces temps sont perdus sur les routes de l’art ne sachant ni où il commence ni où il fini.

 

En effet, Charles Baudelaire disait “Pour être juste, c’est à dire pour avoir sa raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c’est à dire être faite à un point de vue exclusif mais un point de vu qui ouvre le plus d’horizon” 

 

Je me demande ce qu’il penserait de notre espace artistique marocain du point de vue de l’approche critique professionnelle, universitaire et non de celle de nos peintres. Certains, peut-être, n’ont pas encore vécu ou partiellement ce schisme qui sépare l’art de l’artisanat, cette mue, cette chrysalide qui est le point de rupture entre passé et présent. Mais penser avec la main c’est quelque chose de formidable! n’est-il pas juste que l’étymologie du mot “compréhension” est constitué du préfixe “com” qui veut dire “avec” et “préhension: prendre par la main”. Toucher la matière est la quête de nos engrammes, ces traces ces empreintes colorées d’un héritage mémoriel, technique et esthétique qui n’attend en fin de compte qu’une forme de réminiscence, un renouveau au sein de la contemporanéité.

 

 

Maintenant avançons un peu et voyons à partir d’une check list si je suis qualifié pour discourir sur ce thème, vous avez bien le droit de le savoir:

 

  • Suis-je un critique d’art: mon dieu non! faire du journalisme consumériste, obéir à la doxa dominante qui pèse et masque par ses circonvolutions un esprit critique réel, jamais! D'ailleurs les médias actuels ne sont pas des revues d’art mais uniquement des magazines dépendants de leurs annonceurs. Par tous les saints!!!! ils n’ont rien à voir avec la revue Souffles!! (lien de la revue à la BNRM)

  • Est-ce que je pratique La critique d’art: malheureusement non. Je ne me trouve pas au sein d’un réseau multidisciplinaire où se croisent l’histoire, l’histoire de l’art, l’anthropologie, la sociologie, l’esthétique, l’iconologie….etc.

  • Suis-je un connaisseur: Non plus. Je n’ai pas suffisamment fréquenté les artistes, je ne suis pas galeriste et chez moi, je n’ai que de pâle reproduction! Parfois, comme vous, je regarde le Net et je soupire.

 

Vous êtes déçus je sais, vous pensez même qu'une société qui n’est pas guidée par ses philosophes est trompée par ses charlatans. Mais détrompez vous et permettez-moi de vous rappeler que je ne suis pas platonicien, mon doigt ne pointe pas l’Idéal mais plutôt la terre comme celui d’Aristote. En d’autres termes j'essaye de percevoir intelligemment, nous sommes tous dans une même et unique réalité certes, seulement mon approche du Beau est réalisée d’une manière beaucoup plus immanente. Je ne ferais jamais, par conséquent, l'impasse sur mes propres sentiments. Accepter d’être infidèle à soi pour appuyer une quelconque théorie c’est de la folie!!. Je suis donc membre de l’Ordre des Passionnés Silencieux, ceux qui promulguent que tant que le verbe est modéré, habile, mesuré et le regard acéré, le cœur nous fera  toujours don de la vérité. Quand je regarde un tableau je peux avoir du plaisir comme du déplaisir ou en être indifférent, cette appréciation il m’est possible de l’échanger avec autrui mais fort impossible de la partager parce que c’est une émotion privé. Par conséquent une critique normative, fût-elle largement acceptée, ne peut expliquer à elle seule une œuvre d’art.

 

 

Donc il y a Le critique d’art et La critique d’art, le premier médiatise l’art et le socialise la seconde pense l’art. Khalil M’rabet, peintre, écrivain et universitaire marocain a suffisamment détaillé cette problématique et plus encore dans son article à Horizon Maghrébin "Écrits en amont pour une tradition moderne” que je mets en lien. J’y reviendrai dans les prochains articles.

 

Maintenant, pourquoi Hassan Glaoui. Eh bien c’est simple!

 

Je me suis intéressé à un document universitaire, intitulé “La peinture marocaine au regard de l’autre” établi par Ikram ALAMI de l’Université Sidi Med Ben Abdellah de la FSLH-Fès (je mets en lien le document). Au 2ème paragraphe de l’introduction je lis ceci: (ce texte est un commentaire sur le livre d’Alain Flamand du même titre. Ce dernier enseignait l’art au Maroc à la fin des années 60 début 70).  

 

“.......Alain Flamand affirme, dans son texte, que la peinture marocaine n’est que l’héritière d’une peinture occidentale qui a connu, entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème de nombreuses révolutions….

 

Il n’en fallait pas plus pour me faire sortir de mes gonds! Alors en quoi l'œuvre de Hassan Glaoui est héritière d’une peinture occidentale??. En 1963 il participait déjà à une exposition collective à la galerie Charpentier à Paris nommée “Deux mille ans d’Art au Maroc” !!!

 

Quand j’ai vu pour la première fois ce tableau j’ai cru que c’était un morceau de pierre marouflé par un dessin rupestre que l’on trouve sur les plateaux de Figuig-Ich là où les hommes racontent, moyennant la pierre, leurs vécus. L’oeil écoute parfois, elle ne peut être sourde au récit de notre mémoire ni à notre patrimoine artistique.

 

Mais ne soyons pas partial, laissons Alain Flamand nous présenter l'œuvre de Hassan Glaoui. A la page 83 du Dictionnaire des Artistes Contemporains du Maroc de Dounia Benqassem, A.Flamand témoigne: “Hassan Glaoui sait peindre, mais encore chez lui le métier n’étouffe jamais la poésie…(et un peu plus loin)....il rend plutôt un climat, une atmosphère, le mouvement, la chaleur, la poussière, la lumière la couleur….”

 

Il m’est bien difficile de conclure, c’est un sujet vaste qui nécessite plusieurs savoir et compétences, je me remets cependant à la légende amérindienne du Colibri. Alors si je vous entends dire “Tu n’es pas fou!! Ce n'est pas avec ces quelques mots que tu vas clarifier et contenter les personnes assoiffées de culture artistique!! Eh bien je vous répondrai “Je le sais, mais je fais ma part!”

 

 

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 17:40

 

J’ai pris cette photo lors de mon long voyage au pays berbère.

Je suis cela, cet enfoncement dans la mémoire, sa profondeur, à la fois claire et mystérieuse. Qu’il est beau mon pays!!

Cela me rappelle aussi les symboles et arabesques de notre regretté  peintre Ahmed Cherquaoui, lui qui a su travestir la parole qui s’envole dans les airs, en une trace qui caresse, aime et s’enracine dans la terre.

 

Mickael entreprit d’ouvrir la lettre, il y avait deux plis l’un portait la mention à mon père l’autre à toi. Avec respect il ouvrit la sienne et commença à lire:

Cher Mickael,

Même s’il n’y a pas longtemps qu’on s’est parlé au téléphone j’espère que cette lettre te trouvera au beau fixe de ton moral. A Paris je vais souvent à la bibliothèque et cela me rappelle nos souvenirs de lecture, les choix que notre papa nous proposait, c’était souvent Saint Exupéry n’est-ce pas? Nos exercices d’articulations qu’on peinait à prononcer à haute voix malgré les supplications de maman à venir déjeuner avant que le repas ne refroidisse et remplir la bouche par des mets autres que les mots. Parfois aussi papa se faisait un plaisir de nous taquiner, nous voyant aimer la langue de Molière il nous disait “Rouler les “r” mes enfants, rouler les “r”, n'essayez pas d’être plus français que les français” Il me vient à l’esprit maintenant que je t’écris ces mots, notre voyage à Tarfaya, Cap Juby avec papa, mille trois cent kilomètre rien que pour visiter le musé de Saint Exupéry, et notre maman dépassée par cette virulente passion qui lui ravissait son mari lui demandait naïvement pourquoi il ne l’aimait pas autant qu’Antoine ! Ce que j’ai appris de papa c’est que nous ne pouvons jamais aimer vraiment sans passion, s’égarer furtivement de notre raison sans nuire à l’autre, sans inclination du corps sans désordre psychique est ce qui fait de nous des êtres humains à proprement parler. Aimer sans passion n’a d’égale que l’indifférence. Cela ne te rappelle-t-il pas ton épisode à la mosquée? Ah! combien j’étais fière de toi Mikael, avoir un frère qui pense par lui même et qui n’a pas peur de braver ouvertement la croyance de ses semblables. Là aussi parce que mon père nous aimait passionnément que malgré sa notoriété publique d’homme pieux et respectueux des valeurs de sa communauté il n’a pas hésité un instant, du fait que que tu sois jeune et que tu avais alors toutes les raisons de te poser des questions au sujet de ce qui touchait ton peuple, à prendre ton parti, d’abord en te cachant pour quelque jours au village de nos aïeux et partir ensuite chercher une entente avec le caïd et le responsable du culte de la ville, des conciliabules savamment orchestré à l’époque par maman auprès des épouses de ces derniers. Ah! quel temps, vous tous m’avaient montré le chemin.

Bien que Paris soit belle, je n’arrive pas à me défaire de ces souvenirs, c’est très tôt et je n’ai pas encore à vrai dire trouver de meilleures occupation, à part l’intérêt pressant que j’ai à débuter mes études et l’emploi temporaire de plongeur que je viens d’avoir récemment dans un restaurant italien, mon aire méditerranéen n’y était pas pour rien pour me faire accepter dans ce lieu. les annonces ne manquent pas au RU.

Voilà, comme tu peux le constater j’ai écris une lettre à papa et je voudrais bien que tu la lui remettes par toi même, la lui envoyé par courrier c’est courir le risque qu’elle tombe entre les mains de maman et ça je ne me le pardonnerais jamais, après j'espère de tout mon coeur qu’elle se ralliera sans peine à mon choix de vie. je sais que tu es à la recherche d’un travail et c’est pour cela que je t’ai envoyé de l’argent pour le voyage si cela ne te contrarie pas. Tu peux en disposer à n’importe quel guichet bancaire mais vas-y plutôt à la poste ils connaissent bien papa pour avoir travailler là-bas.

je compte sur toi pour me faire part de leurs nouvelles, d’un si loin dépaysement ailleurs que la ville de Tanger. Papa est fou!

Merci Mickael, dès ton retour tu m’appelles chez mon voisin de palier comme la fois passé.

 

A très bientôt et bon voyage

Affectueusement ton frère qui t’aime.


Mikael et son frère Ismaël aimaient beaucoup lire et écrire, mais l’oppression d’une langue, quand elle ne vous appartient pas mais que vous avez choisi d’écrire avec, devient comme un rempart difficile à enjamber, elle vous refuse l’imaginaire, vous rappelle votre suffisance identitaire qui cloisonne chaque jour le local où vit le monde, attise les flammes du cœur, entérine les souffrances. Dans ces situations, les deux frères se disaient souvent, il faut qu’on écrive un récit, un poème, pour montrer à cette langue que nous ne sommes plus ses esclaves.

Comme des enfants alors, ils déposaient une goutte d’eau sur une graine de maïs, le ciel regardait les nuages et les nuages les regardaient, le vent emportait leur graine et quand le temps avait suffisamment crayonné sur leurs corps, ils revenaient pour voir leurs cultures. Peut-être alors pensaient-ils avoir le courage de franchir les remparts, et de passer finalement du clos à l'ouvert.

Mais leur cœur ne pouvait attendre. Quand ils s’éveillaient, il faisait encore nuit dans les mots, la langue, leur compagne, n’était pas encore là, c’est une sultane infidèle, elle découchait et traversait des contrées bien lointaines et lorsqu’elle revenait elle leurs disait avec son haleine parfumée :

« Avant de me prendre dans les dédales de vos joies étranges, apprenez-moi votre langue »

Ils lui répondaient en chœur, avec la hantise de la perdre et le plaisir vital de se repaître de son corps : « nous ne connaissons que la tienne ».

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2021 4 28 /10 /octobre /2021 12:46

Café Rif de la cinémathèque de Tanger 

Ce texte est une réédition. Je l’ai publié en Février 2014, il y a de cela maintenant sept ans, j’étais alors proche de mes cinquante quatre ans et, sans le savoir encore, car rien ne le présageait, j’allais bientôt faire l’expérience d’un sublime et miraculeux malheur! Et vous le savez autant que moi, à quelque chose malheur est bon. Mais ça, c’est une autre histoire!.

Donc pourquoi je republie ce texte? 

Eh bien quelques amis m’ont fait la délicieuse remarque que mes écrits étaient apparentés à ceux d’un poète rebelle, anarchique! eh bien dites-moi!!!

Je me suis donc demandé pourquoi ne pas republier ce texte, c’est mon manifeste presque un crédo de ma façon d’écrire, une épithète inscrite dans ma couche Malpighi et qui donne le mouvement à tous mes crayonnages.

Je dois quand même vous demander s'il vous arrive de temps en temps de rajeunir vos notes ! Allez donc voir ces délicieux propos de Georges Canguilhem, je ne peux me résoudre à garder pour moi seul cette substance!!

Il dit:* La raison est régulière comme un comptable mais la vie anarchiste comme un  artiste* CQFD

Continuons, d'abord les précisions suivantes:

La chose que je déteste le plus au monde c’est d’écrire pour paraître plus français que les français eux-même.

La langue française n’est pas ma langue maternelle, elle s’est toujours refusé à moi, elle a dressé tous les remparts possible pour m’éloigner d’elle, a dit non à mon désir de paître auprès de son corps pour manger les mots d’automne qui tombaient le long de son corps, c’est une sultane infidèle, elle couche au Bénin, se réveille en Côte d’Ivoire déjeune au Sénégal et rare quand elle se souvient de moi, mon sérail est triste quand elle n’est pas là. Je suis un amant cocufié!!

Parfois son haleine aux reflets dorés prend la forme de volutes au parfum  rouge citronné et à peine je les ai dessiné, voilà qu’elle part vers de nouvelles contrées!!

Non, Non et Non!!!! Tu ne feras jamais de moi un peine-à-jouir, femme je te répudie!

Alors j’ai décidé de l'étriller, de la mettre à mal, de la tyranniser, adieu les propositions, les adverbes et les conjonctions, bien fait pour toi! Je m'arrangerai avec le reste!

Maintenant le texte en question:

 

J’ai découvert l’encre et la forme des lettres, mais je n’ai jamais appris à écrire,

L’assemblage de mes mots ne forme pas une phrase mais plutôt une trace littéraire,

Ma difficulté à communiquer est devenu avec le temps l’objet principal de mon expression,

Mes phrases sont une travée de strate, des tranchées derrière lesquelles je me mets à l’abri,

A l’abri du lecteur sérieux en quête de sens, prêt à me dépouiller de mes vérités,

C’est pour cela que je suis un scribe dissident, à la fois mobile et sédentaire, essayiste et fictionnel,

Exprimer l’indicible est ma seule quête qui restera à jamais inachevée,

Mais je n’y peux rien, dans le supplice existentiel tout est déjà décousu

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2021 6 23 /10 /octobre /2021 08:24

Joseph  Albers 

Ce qui a retenu mon attention en premier c’est la forme. Je me suis dit comment un artiste ose-t-il peindre sur une forme aussi laide que celle d’un carré! Cette structure est stable certes mais elle est dormante aussi presque marécageuse.


Il est vrai que les grandes architectures de l’histoire de l’humanité à l’image de la tour Eiffel ou les pyramides reposent sur une base de forme carré. Mais là nous sommes dans la peinture en tant qu'art. Cela me rappelle la radicalité et le totalitarisme du 20ème siècle.


Mais bon dieu d' bon dieu qu’est-il allé chercher dans ce statut invariant et immobile où l’absence de rythme est manifeste pour peindre!!!


Pour ne pas rester donc sur une note dépressive de mon appréciation, je suis parti farfouiller un peu pour connaître les motivations qui ont conduit l’artiste à opter pour cette forme et là Eurêka!!!


Joseph Albers a choisi le carré pour sa neutralité, le fait qu’il ne dissipe pas l’attention du spectateur ce dernier est amené à s'intéresser beaucoup plus aux différentes couleurs et à leurs nuances. Donc l’auteur cherche à figer dans l'œuvre le flux et le mouvement du support le privant ainsi d'une certaine plasticité pour que le spectateur se concentre uniquement sur l’éclat des nuances. Est-ce un artifice mental pour abstraire le cadre et donner vie uniquement à la couleur?

Mai ce qui est encore étonnant et même renversant c’est que la couleur jaune en l’occurrence et ses nuances s’est approprié la forme en lui impulsant dans son sillage un mouvement verticale descendant ce qui manquait initialement au cadre.

je suis entraîné depuis le bord supérieur par un jaune Ambre une couleur forme et substance à la fois, absorbé par une force douce qui m’emmène cette fois vers un jaune fauve, empruntant ainsi au fil des variations un escalier hélicoïdale, de l’aube au crépuscule, c’est le mouvement de la vie, c’est le jour puis vint le soir.

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2021 7 17 /10 /octobre /2021 17:17

Humeur sombre - Marianne von Werefkin

 

Mikael revenait petit à petit à lui-même. Une voix lointaine, caverneuse, l’appelait à remonter en surface, sa vision ployée jadis par son propre isolement se détendit comme un arc lesté de sa flèche et recouvrait à présent la mobilité de son regard. Enfiévré par sa quête d’une liberté adverse et pensante, malgré les prémisses d’un hiver froid, il se mit debout et commença à se déshabiller pour rester en caleçon et débardeur. Son esprit manifestement copulait avec l’instant, aussi sa peau nécessitait pensait-il un examen profond, son contact avec les cosmopolites, ce réservoir d’acarien, lui a fourré la gale et creusé un long et sombre tunnel dans sa peau comme un méchant vermisseau.

Maintenant, réveillé de cette incubation sordide, il jeta au rebut toutes les étoffes qui l’ont mal habillées, rendit par toutes ses tripes ce tord-boyaux empoisonné, il n’y a pas pire taule que vivre avec une âme tourmentée.

Oui, se dit-il, pourquoi ne pas rester nu, nu comme un ver et rendre gorge de toute cette insanité que le monde s’est efforcé à en tapisser le corps, l’âme, employant indistinctement ses juges et ses saints dans sa tâche cousue au fil blanc. Pourquoi chercher à augmenter la nature de ce dont elle n’a jamais eu grand besoin, toutefois si vous êtes dans la veine d’apprêter les choses, de les accommoder à votre faible esprit prenez vos truelles et platoirs et allez lissez la surface des eaux pour en diminuer les remous.

Ah, bon dieu d'bon dieu!! Pourquoi suis-je assaillie par ces idées, elles auraient mieux fait de me venir un autre jour, je ne suis pas encore prêt pour ces imbécilités, et ce mal de tête! qu’est-ce que je peux détester les faiseur de vérités, ils veulent me persuader qu’il y a un monde meilleur, moins négligé, mieux préparé qu’il suffit de quêter par les moyens qu’ils sont prêt à mettre à notre disposition, une sorte d’échelle pour passer par la mansarde alors que la porte est grande ouverte devant chacun. Il est vrai que je n’ai eu de cesse par le passé de vouloir me persuader, à cause de la déontologie bien pensante des hommes sous l'apparat rutilant de valeurs universelles, qui en fait cherchent à déconstruire notre maisonnée, que ce qui est en haut est bien supérieur à ce qui est en bas et ce qui est là-bas n’est pas encore ici. Que nenni!

Ah, bon dieu d’bon dieu, pourquoi j’ai partagé ce verre de vin avec ces marcheurs à reculons, pourtant je m'étais promis par le passé de ne jamais me laisser entraîner par cette logomachie, toute ma tête embrumée par les ragots. Mais à quelque chose malheur est bon n’est-ce pas! je vais vous faire un aveu, il n’y a pas mieux qu’un homme ou une femme qui se trompe, car se tromper est le privilège de l’homme, avez-vous jamais vu de votre vie un animal se tromper!!! évidemment que non car l’animal n’a pas le pouvoir de se perfectionner! Alors laissez moi à mon cru! cessez de chercher à dépersonnaliser les gens , à les déposséder de ce qu’ils ont de mieux dans la vie c’est à dire leurs personnalités , à leurs faire accroire que moins ils ressembleront à eux même et plus ils avanceront dans le progrès. C’est ma chaumière, laissez-moi la construire à ma manière!

Mais continuez cependant vos diableries, à nous pétrir de morale, nous égarer entre bien et mal, bon et mauvais, innocents d’aventure mais coupables sûrement! à jamais!

Je vais vous dire, j’avais les yeux fermés, les oreilles bouchées totalement désunis pour aimer l’Unité de l’Univers créateur.

In perpetuum nous sommes dans la grâce, dans l’immensité.

La lettre était posée sur la table basse, il la regarda de biais et décida de l'ouvrir, concluant que si son frère avait agi de la manière qui le réconfortait le mieux dans sa vie, personne n’avait pour autant le droit de l’incriminer ou de le juger. C’est un manque de compréhension de notre part, nous sa famille la plus proche et ses amis, nous dépensons chaque jour que la création a fait une énergie incommensurable pour voiler la vérité faisant semblant d’aller mieux alors que la souffrance sourd comme une fontaine du fond de notre âme, jaillit des pores de notre corps comme un intraitable fumet de fenugrec. C’est notre agissement machinal qui a fait que notre vie soit devenue réductible à un jeu pathétique de conflits sociaux muet et fratricide, nous veillons à rester des hommes normaux, aux chevet des pensées ordinaires, veules respirant un grand vide pavoisé de narcissisme, assis en marchand hédoniste devant notre étalage de faux plaisirs, la pensée définitivement subordonnée à celle de la masse et nous y répondons par la masse tout grossièrement sans aucune subtilité!! Éblouissez les yeux et les oreilles de la multitude et vous aurez réussi votre pot pourri!! S’en est fini du sigle S.P.A pour Socrate Platon Aristote maintenant c’est Sexe Pouvoir Argent. Toutes nos pensées seront bientôt voilées d’une brumeuse couardise.

Ciel! aidez moi à nuire à la bêtise*.

Je défendrai le choix d'Ismaël, je préfère mourir pour une tragédie que vivre une dramatique comédie.

(*)formule de Nietzsche dans Le  Gai savoir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Texte Libre



Ces écrits sont nés d'un besoin pressant d'aller vers l'autre, de fondre dans un creuset qu'est ce support des éléments épars exprimant une certaine singularité.

Mais l'homme a vite fait de montrer sa joie une fois il est dans la lumière alors que les vrais auteurs, sans qu'il ne s'en aperçoive, sont dans l'ombre.

Ces écrits ne sont donc que l'expression harmonieuse d'innombrables acteurs proches ou lointains qui ont peuplé mon esprit et qui maintenant revendiquent la liberté à leurs créations.

Je passe mes journées à mutiler mes cigares à décapiter leurs têtes à allumer leurs pieds à déguster leurs tripes, mais l'écriture n'est-elle pas une vertueuse souffrance qui s'ingénue avec bonheur à vous faire oublier votre égo à décliner le constat social et à créer en vous le désir de dissimilitude?

Notre société a circoncis les hommes dans leurs corps, le fera-t-elle pour le prépuce de leurs coeurs et de leurs ambitions?

La vitole bleue dédie ses thèmes à la ville de Tanger, ma terre ma nourricière, au cigare ce plaisir perle des dieux fait par les mains des hommes, et enfin à mes écrits vérités sur mes parures qui donneront je l'espère suffisamment de plaisir aux lecteurs.
.....................................................................................................................

Recherche

Peut-être un jour

Qui c'est celui là?
Mais qu'est-ce qu'il veut?
Tanger 2010
 

Comment se fait-il qu’un homme quinquagénaire simple et ordinaire, père de deux enfants et œuvrant dans le secteur bancaire tombe, sans suffisance aucune, dans le chaudron d’Epicure ?

A vrai dire j’essaie de ressembler à ma mémoire, c’est une conteuse passionnée, qui m’a tatoué le cœur par le premier clapé de sa langue sur le palais pour me raconter le plaisir du cigare, et la première lueur blanche de Tanger sans laquelle tous mes devoirs envers mes plaisirs ne seraient qu'un amour futile.  

 

 
Porsche 911 carrera 4
Porsche 356 1500 S Speedster (1955)
Porsche 356 1300 coupé 1951
Porsche 356 A 1500 GT Carrera 1958
Porsche 356 châssis 356.001
Porsche Carrera 911



 
 

  

 

des mots en image

D'hércule et d'héraclès
Blanche est ma ville
Brun est mon humidor

Articles RÉCents